mardi 23 juin 2015

Rencontre avec Christiane Veschambre

  
Quelle meilleure introduction à l’œuvre de Christiane Veschambre qu’une lecture par l’auteure elle-même, d’abord des Mots pauvres, pendant une dizaine de minutes, puis, plus tard dans la soirée, de Versailles Chantiers, son dernier ouvrage en date ? L’autre matin je me suis réveillée muette… C’est ainsi, sans afféterie, d’une voix claire et douce, que Christiane Veschambre nous a fait entrer dans son livre et partager son aventure intérieure. Le silence dans la salle était impressionnant, si j’osais, je parlerais d’un moment de communion tant chacun se laissait pénétrer par les mots, les images, les scènes de ce poème narratif qui dit le refus de « la parole gangrenée par le faux, l’emprunté, la parole ennemie de toute vérité qui me soit propre » et de là l’impérieuse nécessité de trouver sa « voix singulière ». Quand est venu le temps des questions, nous avons pu remarquer combien Christiane Veschambre veillait à répondre avec précision, n’hésitant pas à marquer un silence pour trouver le bon mot, le mot juste. Car dira-t-elle au détour d’une phrase, il existe une « parole toute faite » et, parfois, « ce qu’on nomme littérature peut être une parole toute faite ». La sienne, assurément, ne l’est pas.
   

Après une brève présentation de son recueil Robert & Joséphine, qui retrace en de brefs poèmes écrits dans une langue simple, presque enfantine, l’histoire de ses parents (Je n’ai jamais su regarder mon enfance avec simplicité, est-il dit dans Les mots pauvres ; douze ans plus tard, c’est donc chose faite), Christiane Veschambre nous a donné à entendre quelques pages de Versailles Chantiers qui revient sur cette même histoire mais en la situant dans le temps et dans l’espace. Le lieu titre de l’ouvrage en devient alors scène de théâtre où se joue la grande histoire de Louis XIV à nos jours, où se croisent et se recroisent divers personnages dont un certain André A. et une certaine Christiane V. qu’il nous est aujourd’hui facile de reconnaître. C’est un récit touchant, composé de brefs fragments dont certains, pertinemment nommés « traverses », sont autant d’ouvertures sur ce qui se joue « hors-scène » - rêve, coïncidence et observation du monde – et artistiquement éclairé par les photographies de Juliette Agnel.
    Avant de parler, il faudrait recueillir dans l’obscurité des paumes refermées sur les yeux le goutte-à-goutte des mots pauvres, étrécis, des mots sans élan, peureux, le goutte-à-goutte des petits mots d’où s’absente toute grâce.
    Merci, Christiane, de nous aider à parler plus juste et plus beau.




"Les mots pauvres" de Christiane Veschambre from Médiathèque de Vert-le-Grand on Vimeo.

                                                                  *
 Pendant ce temps, loin de Vert-le-Grand et de Versailles Chantiers, certains s’affrontent sur des courts de terre battue, d’autres au cours de guerres sans fin qui rougissent  la terre et la font ressembler à celle de Roland-Garros.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire